RTL Petit Matin - Plus de 7000 restaurants ont fermé en 2023

En 2023, plus de 7000 restaurants ont fermé en France, une hausse alarmante de 44%. Cet article retranscrit les témoignages de restaurateurs et explore les solutions innovantes comme les robots serveurs pour pallier la pénurie de personnel. Découvrez les défis et les perspectives d’avenir de la restauration face à cette crise.

RTL Petit Matin

Jérôme Florin & Marina Giraudeau

Emission du 22 mai 2024

RTL Petit Matin - Plus de 7000 restaurants ont fermé en 2023

Fermeture de Restaurants - Plus de 7000 restaurants ont fermé en 2023

Source : Émission RTL Petit Matin du 22 mai 2024

Écouter le replay : [min 34:30 > 35:58]

Retranscription

Philippe de Maria, Journaliste :

C’est plus de 7000 restaurants, 7200 exactement, qui ont fermé l’année dernière en France. Cela représente une hausse de 44% selon l’UMIH par rapport à 2022, qui avait été une très bonne année. Les raisons de ces fermetures sont multiples : le coût des matières premières, la concurrence des fast-foods, les aides COVID à rembourser, et la difficulté de recruter. C’est ce que vous avez constaté au restaurant Peppone à Bordeaux, Philippe de Maria.

Pierre Cheminade, Gérant du restaurant Peppone à Bordeaux :

  •  Moi, il me manque une à deux personnes tous les jours sur mon planning.

Philippe de Maria :

  • Ça rend le fonctionnement du restaurant forcément plus compliqué.

Pierre Cheminade :

  • Mes employés en place sont obligés de compenser ou je suis obligé de compenser.

Philippe de Maria :

  • Ces employés qui manquent à l’appel sont pourtant en CDI, mais leurs justifications d’absence laissent le restaurateur pantois.

Pierre Cheminade :

  • Parce qu’ils ne viennent pas, parce que le matin, ils ne se lèvent pas. Parce qu’ils ont mal au dos, parce qu’ils font des certificats médicaux bidons qu’on ne peut pas vérifier. Et ça, c’est un vrai souci. Certains appellent, certains disent “je serai en retard”, ou “je ne viendrai pas”. Après, certains ne disent rien, ils ne s’excusent même plus. C’est difficile à digérer, d’autant que ce sont des gens formés, auxquels on s’attache parce qu’ils font partie de la maison. C’est une réalité.

Philippe de Maria :

  • Pierre Cheminade comprend que cette réalité puisse décourager ses collègues qui jettent l’éponge. Pas lui, bien trop passionné par son métier. Il a par contre constaté récemment une hausse des déposes de CV dans son restaurant, due selon lui au durcissement des conditions d’indemnisation chômage.

Les Robots de Services - Des solutions face à la pénurie de personnel dans les restaurants

Source : Émission RTL Petit Matin du 22 mai 2024
Écouter le replay : [min 2:02:13 > 2:03:30]

Retranscription

Jérôme Florin, Animateur :

On parlait de la difficulté des restaurateurs dans cette émission. Eh bien certains ont trouvé la parade face à la pénurie de personnel : un robot qui fait le service.

Alba Ventura, Journaliste :

  •  Oui, ça a l’air très sympa. J’ai vu ça chez un restaurateur dans le Lot, un autre en Vendée, un autre à Quimper. C’est rigolo, il y en a un qui a des oreilles de chat, on peut même le caresser sur la tête, il fait “miaou”. C’est un robot qui se déplace grâce au Wi-Fi. Il a scanné toute la salle et peut ainsi se déplacer de table en table, un peu comme les tondeuses à gazon sans fil. Il apporte les plats et les clients n’ont plus qu’à se servir. Je ne vais pas critiquer ces patrons de restaurants qui galèrent. Nous ne sommes pas chez des étoilés, ce sont des petits restaurants simples confrontés à d’énormes problèmes de recrutement. Pour faire face à cette pénurie, ils tentent l’expérience du robot serveur.

Alba Ventura :

  • Il faut dire que le robot est là 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, toujours en forme si on n’oublie pas de le charger. Il n’a pas de problème de transport ni de logement et coûte environ 20000€, soit 8 mois de salaire brut. Il y en a des moins chers, mais à 20000€, c’est une solution d’urgence ou une hérésie totale ? Tant que ça reste marginal, pourquoi pas, mais si cela se développe, qui cotise ? Heureusement, on n’en est pas encore comme au Japon avec des robots en forme de dinosaures dans les hôtels.

L’avis de Jobotto sur la question

La pénurie de main-d’œuvre dans l’hôtellerie et la restauration est un problème croissant depuis de nombreuses années, accentué par des jeunes générations ne souhaitant plus travailler aux conditions proposées. Le COVID a eu d’autres effets collatéraux.

Les bas salaires, les horaires étendus, la pénibilité, le harcèlement, l’environnement bruyant, les périodes de rush… Même si le durcissement du gouvernement à l’égard des chômeurs de longue durée conduira à l’acceptation de ces contrats, le constat reste : même les CDI les plus fidélisés se mettent en arrêt maladie, et l’incertitude des plannings fragilise l’activité, ajoutant du stress aux employés qui doivent compenser ces absences.

Les robots serveurs ne sont pas qu’une tendance marginale réservée aux “petits restaurants”. Nous équipons de nouveaux restaurants tous les jours, travaillant avec des chefs comme Ducasse ou Patrick Gauthier du restaurant La Madeleine, 1 étoile au guide Michelin. Les motivations varient : technophilie, expérience utilisateur, envie de surprendre, modernité, optimisation du service, ou simplement apporter du renfort aux équipes. Mal de dos, tendinites, épuisement… Les témoignages des gérants et de leurs salariés sont édifiants.

Le développement de ces solutions va probablement se poursuivre et s’accentuer. Avoir un robot dans son restaurant deviendra finalement banal. Ils ne supprimeront pas le contact humain, mais permettront de sécuriser le service en cas d’absence.

Est-ce agréable d’être servi à la va-vite par manque de personnel ? N’avons-nous pas trop souvent vu des runners faire des sprints pour assurer le service ? N’avez-vous pas eu la sensation de trop attendre même en étant détendu ?

Les robots de service pourraient offrir de nouvelles opportunités. Si moins de personnel est nécessaire, mais mieux équipé et mieux accompagné, on pourrait passer plus de temps avec les clients. L’optimisation du service ainsi acquise pourrait permettre la revalorisation des salaires. À un entretien d’embauche, dire à un serveur qu’il aura un ou deux cobots pour l’aider dans les aspects “ingrats” du service pourrait redonner envie à des candidats de travailler dans ces métiers. La solution pourrait être d’apporter du changement et de la nouveauté. L’avenir nous le dira.